Lecture de textes du curé Jean Meslier (durée : 60 min)
Un principe d’erreur et de mensonge
La croyance repose sur un principe d’erreur entretenu et diffusé par les représentants de toutes les religions. Et de ce principe naissent les troubles et les guerres parmi les hommes. Dieu lui-même est un principe d’erreur. Et tout cela participe pleinement à l’établissement et au maintien de l’oppression et de l’exploitation sociale.
Voilà en substance le contenu de cette première lecture consacrée à la pensée du curé Jean Meslier mort en 1729 et auteur d’un unique ouvrage qui réunit, combien et articule en une seule et même conception du monde et de la vie, l’athéisme, le matérialisme, le communisme et la pensée révolutionnaire.
Jean Meslier est ancré dans la réalité du monde paysan d’ancien régime et c’est a partir de là qu’il forme l’ensemble des arguments de sa critique. Arguments qu’il destine en premier lieu au paysans eux-mêmes, ce qui influe sur la forme et le style de son texte et constitue une véritable singularité dans la pensée des lumières.
Il ne fait preuve d’aucune prudence littéraire, contrairement à ses contemporains, en ce qui concerne son athéisme. Il appelle au tyrannicide et au régicide alors que la monarchie est généralement épargnée par les critiques bourgeoises , remet en cause et dénonce la propriété privée alors même que la bourgeoisie révolutionnaire la revendique et va l’établir comme « droits naturels et imprescriptibles de l’homme » aux côtés de de la liberté, la sureté et la résistance a l’oppression dans l’article 2 de la DDHC de 1789. À bien des égards, la pensée de Jean Meslier est inattendue en ce début de 18e, originale dans la philosophie des lumières et souvent totalement méconnue.
NB: Cette lecture regroupe des extraits tirés du livre de Serge Deruette, LIRE, JEAN MESLIER, curé et athée révolutionnaire, introduction au meslierisme et extraits de son œuvre ; Ed. Aden, 2008, 414p. et du texte publié par Voltaire en 1762 sous le nom de TESTAMENT DE J.MESLIER, présenté comme un abrégé de sa pensée mais dont certaines parties on été réécrites par Voltaire.