Discussions & Projections autour de la Paysannerie

Depuis le néolithique, l’agriculture et l’élevage sont devenus progressivement nos uniques sources alimentaires. L’organisation de cette production, l’étendue de sa diffusion et la répartition des profits conséquents ont évolué au cours de l’histoire et ont subi diverses mutations (techniques, sociales et politiques). La satisfaction de ce besoin vital et élémentaire est à la base de toute société. L’excédent produit par les paysans permet à d’autres classes d’émerger et de se nourrir du fruit de leur labeur (soldats, clergé, artisans, administrations…), avec plus ou moins de contrepartie. La valeur de cette marchandise impacte directement le coût de fabrication de toutes les autres marchandises et celui du fonctionnement des structures de pouvoirs (il faut nourrir les artisans, ouvriers, employés, fonctionnaires…). Assurer la sécurité de cette production et la maintenir à un bas coût est nécessaire à l’ordre social et au maintient du système en place. Les multiples politiques agricoles, de l’Ancien Régime aux évolutions récentes en France et en Europe sont à comprendre dans ce cadre-là. La priorité des dirigeants n’est certainement pas à l’amélioration des conditions de travail pour les paysans ou à la qualité de la nourriture dans nos assiettes. Cette marchandise, de par sa nature élémentaire, semble bien avoir un caractère particulier.

Ces derniers temps, le monde agricole subit une nouvelle accélération dans le processus de mutation qui le traverse. Le nombre de paysans et d’exploitation ne cesse de baisser, tandis que la taille moyenne de ces exploitations, elle, augmente. La ferme des Milles Vaches, les mégabassines ou les autres projets agro-industriels ne sont que la partie la plus visible d’une concentration des terres et des capitaux dans ce secteur économique. Comparativement à d’autres il semblait relativement épargné. Mais les pressions économiques en amont et en aval de la production (d’un côté : semenciers, fabricants de machines et de produits phytosanitaires ; de l’autre la grande distribution de Lactalys ou des poulets Doux à Leclerc) ruinent sûrement les plus petits exploitants et accélèrent ce mouvement de concentration, accompagné d’une pression à la « rationalisation » de la production. Tout cela appuyé par les politiques publiques d’aide à l’agriculture.

Le mouvement de contestation de cet hiver semble être un témoin de cette situation mais aussi des nombreux conflits d’intérêt qui composent ce monde agricole.

Pour échanger ensemble sur la situation de la paysannerie et de l’agriculture aujourd’hui, pour réfléchir à ce que cela dit de notre situation dans la société capitaliste, pour réfléchir au moyen de nourrir tous les humains sur cette terre sans la détruire, pour s’inspirer des formes d’autonomie, de solidarités et de luttes paysannes passées ou présentes (alleux, communs, assemblées villageoise, révolution russe ou espagnole…), pour ébaucher des pistes d’organisation d’une production agraire une fois débarrassés du capitalisme… la Rétive vous propose une série de rendez-vous :

Vendredi 17 mai à 19h

Discussion autour du mouvement de cet hiver et de la situation de la paysannerie aujourd’hui en France avec Fredéric Mazer (Modef)

Samedi 15 juin à 19h

Nous regarderons et débattrons du 1er volet du documentaire,
« Le Temps des paysans », frise historique diffusée sur Arte